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Aider l’adolescent qui bégaie au collège ou au lycée

Accompagner l’élève qui bégaie : des adaptations concrètes pour la classe
Le bégaiement touche de nombreux enfants et adolescents, et il est essentiel, en tant qu’enseignant, de comprendre comment accompagner au mieux ces élèves pour qu’ils puissent s’exprimer pleinement en classe. Loin de se réduire à ses répétitions et blocages les plus perceptibles à l’oreille, le bégaiement est un trouble de la fluidité de la parole qui peut générer anxiété, tensions corporelles et pensées négatives. Adoptons quelques changements simples mais efficaces, pour créer un environnement bienveillant et inclusif ! Nous favoriserons la prise de parole et la confiance en soi de ces jeunes !
Comprendre le bégaiement et son impact
Le bégaiement se manifeste par des répétitions de sons, de syllabes ou de mots, des prolongations de sons, ou des blocages où le son ne sort pas. Il peut varier en intensité d’un jour à l’autre et être influencé par le stress, la fatigue ou la pression.
Pour un élève qui bégaie, prendre la parole en classe peut être une source d’appréhension intense, voire de peur. L’impact du bégaiement peut donc être variable selon les adolescents, avec un versant relationnel, fonctionnel, social,… ils peuvent ne pas vivre du tout d’impact de leur fluence ou craindre le jugement des autres, les moqueries, ou simplement le fait de ne pas pouvoir exprimer ses idées clairement. Notre rôle est primordial pour dédramatiser la situation et faciliter leur communication.
- Un trouble qui présente des formes multiples
Toutes les variations existent, avec les curseurs plus ou moins bas pour les symptômes perceptibles du bégaiement, ou pour les manifestations internes de sensations corporelles, d’émotions, et de pensées.
Dans certains cas, on n’entendra quasiment pas la personne produire de répétitions ou de blocages, on parle alors de bégaiement masqué. Et pourtant, on parle quand même de bégaiement puisque ses manifestations internes (émotions, sensations du corps et pensées) sont bien présentes.
Ainsi une personne qui bégaie, bégaie même si elle n’est pas en train de parler, mais que la bande passante de son cerveau consacre une partie non-négligeable à l’anticipation et à la gestion de la parole !
- Le bredouillement
Sorte de cousin du bégaiement, il se manifeste par un débit très rapide et une intelligibilité réduite. L’élève produit des phrases désordonnées, avec par exemple des allers-retours dans la phrase (bredouillement syntaxique), ou présente des difficultés d’articulation sur les mots complexes (bredouillement phonologique) et donc on le comprend moins. Les personnes avec un bredouillement en sont souvent peu ou pas conscientes et peuvent aussi présenter un bégaiement associé.

Adaptations générales pour la classe
Voici quelques pistes à explorer pour soutenir les élèves qui bégaient au quotidien :
- Créer un climat de confiance et d’acceptation : La première étape est de normaliser le bégaiement. Expliquez à la classe, de manière simple et bienveillante, que chacun a sa manière de parler et que certaines personnes ont parfois besoin de plus de temps pour s’exprimer. Insistez sur le fait que l’important est le contenu de ce qui est dit, et non la fluidité.
- Éviter de couper la parole ou de compléter les phrases : Laissez l’élève terminer ce qu’il a à dire, même si cela prend du temps. Couper la parole ou tenter de finir ses phrases peut augmenter sa pression et sa frustration. ⏳Votre patience est un message fort de soutien.
- Maintenir un contact visuel naturel : 👁👁Regardez l’élève dans les yeux de manière détendue pendant qu’il parle, comme vous le feriez avec n’importe quel autre élève. Évitez les signes d’impatience ou de gêne.
- Encourager les prises de parole dans des contextes moins stressants : Plutôt que de toujours demander une prise de parole spontanée et individuelle, proposez des situations moins intimidantes. Par exemple, le travail en petits groupes, des exposés préparés à l’avance, ou des questions qui appellent des réponses courtes.
Exemples concrets pour la prise de parole en classe
La prise de parole est souvent un défi majeur. Voici des stratégies et des exemples concrets pour aider l’élève à s’exprimer :
- Prévenir avant de questionner : Si vous devez poser une question à l’élève qui bégaie, essayez de le prévenir à l’avance, ou de lui donner un moment pour réfléchir. Parlez en avec lui pour trouver la stratégie qui lui convient.
- Exemple : « Louis, comment souhaites tu que je t’interroge ? tu préfères que je te prévienne pour que tu te prépares tranquillement ou tu préfères que je t’interroge au hasard comme ça tu n’as pas la pression qui monte ? A moins que tu penses à une autre façon de faire ? »
- Exemple : on pourra convenir d’un système de jeton, qui permette à l’adolescent de signaler quand il est prêt à être interrogé.

- Offrir des choix de réponse : Plutôt qu’une question ouverte, proposez des options. Cela réduit la charge mentale et la pression de trouver les mots justes sur le moment.
- Exemple : « Selon toi, le personnage principal était-il plutôt courageux, ou prudent ? ». Plutôt que « Que penses-tu du personnage principal ? »
- Privilégier les réponses courtes et directes : Au début, ne demandez pas de longues explications. Valorisez les contributions, même si elles sont brèves.
- Permettre des supports visuels ou écrits : Pour les exposés ou les présentations, encouragez l’utilisation de fiches, de diapositives ou de dessins. Le fait de pouvoir s’appuyer sur un support peut réduire l’anxiété liée à la fluidité.
- Valoriser le contenu plus que la forme : Quoi qu’il arrive, félicitez l’élève pour le message de son intervention. Vous pouvez aussi reformuler ce que vous avez compris.
- Exemple : « Merci pour cette idée pertinente, Marie. Tu as bien cerné le problème. » ou « C’est une excellente analyse, Habib. »
- Exemple : « Ah, tu veux dire que Homère est conquérant, c’est cela ? »
- Proposer des alternatives pour la participation orale : Si l’élève le demande un jour, offrez-lui la possibilité de participer différemment. L’idée est de l’aider à cheminer vers l’acceptation sans tomber dans la rigidité de l’auto-injonction à faire mieux.
- Exemple : « Est ce que tu souhaites me montrer ton travail en individuel aujourd’hui ? » « Tu peux réciter depuis ta place si tu préfères aujourd’hui, qu’en penses tu ? ».
- Éviter les pressions de temps : Ne fixez pas de chronomètre pour la prise de parole. Le temps supplémentaire peut être une nécessité pour l’élève.
- Exemple : Lors d’un tour de table « Nous prendrons le temps nécessaire pour que chacun puisse s’exprimer confortablement. »

Collaboration avec les familles et les spécialistes
N’hésitez pas à communiquer avec les parents de l’élève. Ils sont vos meilleurs alliés et pourront vous donner des informations précieuses sur la manière dont leur enfant vit son bégaiement et les stratégies qui fonctionnent à la maison. Si l’élève est suivi par un orthophoniste, il peut être très utile d’échanger avec ce professionnel pour coordonner les approches et renforcer les efforts mutuels.

En conclusion, accompagner un élève qui bégaie en classe est une démarche qui demande de la patience, de l’empathie et une volonté d’adapter nos pratiques. Chaque petit effort pour créer un environnement sécurisant et encourageant peut faire une différence majeure dans la vie de ces jeunes, en les aidant à développer leur potentiel et à s’épanouir pleinement. Votre rôle est essentiel pour transformer leur appréhension en confiance.